"Blanchir du blanc, c'est
le nier ou le sacraliser", écrit André Bay.
Pour lui, le blanc n'est pas un mot que l'on répète rituellement
avec quelques autres (vide, silence, etc...) en l'entourant de blanc. Il a des
lettres (noires), n'en a jamais assez pour être apprivoisé, traqué,
compris, avec l'aide de Mallarmé, Poe, Kandinsky, Malevitch, Dali, Picasso,
Apollinaire, Virginia Woolf, Strindberg, Verne, Rimbaud, Malcom de Chazal, et
des murs grecs. La toison d'or d'André Bay ne serait-elle pas blanche
? Il la cherche à l'est (aube, voile) et à l'ouest (linceul sur
ses anciennes toiles), dans l'attente virginale et dans le lait maternel,
chez les Aztèques et chez les Celtes sans oublier le bouddhisme, le zen
appréhendant le vide et "l'au-delà du vide", ce "blanc au-delà du
noir" dont Victor Hugo avait eu l'intuition dans sa saisie du dehors au fond
du dedans, du "profond miroir sombre". Botanique, géologie (avec
Lacarrière et Caillois), anesthésie, mythologie (autour de Moby
Dick), érotisme, (avec D.H.Lawrence), sont convoqués en cette
quête vitale qui ressemble parfois à un journal de lecture ou de
voyage. André Bay a même rencontré des blancs heureux.
François Huglo