Ce beau livre d’artiste s’ouvre sur une présentation
du travail de René Moreu : La vanité des bavardages
fluides des sources et torrents qui coulent et courent sans soucis
faisant briller le dos des truites, les fonds de sable et de
cailloux, eaux vives qui captent la lumière et retiennent
dans les filets du désir, les libellules expertes, les
zigzags des traits de passages en flèches, l’œuvre
comme l’œuvre au noir, comme le grand œuvre,
comme l’or rêvé de l’alchimie, préside
et règne sur toutes les concordances, sur les rapports
essentiels et subtils des pierres, des plantes et des animaux.
On est ici dans l’interrègne absolu, dans le mystère
sans cesse approché et révélé.
S’en suit des reproductions superbes des œuvres
de Moreu réalisées par la photographe Manuela Böhme.
Les clichés sont entrecoupés par des
textes de René Moreu
qui fonctionnent comme de vrais petits poèmes :
Au début était l’émotion
En chemin j’ai tout perdu des théories
des choses qu’on m’avait dites
Mes poches étaient trouées
Je retournai au tout début
case départ
quand je ne savais pas encore parler
Ou encore :
Aux premières gouttes de pluie
vient de la terre une chaleur douce
qui fait frémir les roses rouges
d’un velours rouge profond
nommées DANSES DE FEU
Quand la pluie parvient
trace sur le sol
un lacis de rubans miroitants
La beauté esthétique de l’ouvrage concourt à la
magie qui s’opère pendant la lecture. On reste fasciné par
ce qui nous est donné à regarder. Alors, on se
refuse à fermer le livre, on revient en arrière
pour reprendre le voyage, puis on recommence…
Gilbert Desmée (22/07/08)