Le dix-neuvième recueil de Jean-Michel Bongiraud. L’ex-animateur
de la revue Parterre verbal livre ici sa seconde manière.
La première, je le rappelle brièvement, consiste à métaphoriser
tout en un lexique spécialisé pour le revisiter à sa
façon, poétique. Quelques titres en exemples ?:
L’établi à mots, Mots d’atelier, Les
mots du jardinier, Les mots du manœuvre, Les mots de la
maison… Le vocabulaire d’un domaine devient sous
sa plume matière à transformation, toujours avec
subtilité, et le titre coiffe bien l’ensemble envisagé.
Ici donc, rien à voir : un seul mot, avec son pluriel éventuel,
va singulariser le projet. Abeille, avec son environnement lexical
: miel, ruche, reine, butiner, piqûre, dard… va
devenir le point obligé de chaque page, comme une sorte
de cible transversale. Tous les poèmes, à l’aspect
plus abstrait, plus détaché qu’à l’habitude,
vont tourner autour du mot. Abeille exemple, abeille substitut,
abeille référence. L’apiculteur d’encre
sous sa légère armure mélange les règnes
: insectes et genre humain. Son recueil comprend deux parties
très dissymétriques. Jean-Michel Bongiraud emploie
même le mot essai pour cerner cette écriture à part.
on admire aussi bien le devoir que la liberté. Une mouche
bat-elle des mains / Lorsque l’araignée referme
sur elle / Son sac de dentelles.
Jacmo,
Décharge n°133