Pierre Garnier
Voici un livre sur l’œuvre, la vie et la pensée
de Pierre Garnier composé de six parties : Pierre Garnier
par Cécile Odartchenko, Pierre Garnier par lui-même,
poésie, poésie spatiale de Pierre et Ilse Garnier,
des documents dont le Premier manifeste pour une poésie
nouvelle visuelle et phonique du 30 septembre 1962 et une bibliographie
du poète. Pour commencer, je voudrais vous présenter
un poème qui dès que je l’ai découvert,
m’a fasciné :
p!luie pl!uie plu!ie plui!e
plu!ie plui!e p!luie plu!ie
pl!uie plu!ie plui!e p!luie
plui!e p!luie plu!ie pl!uie
Je trouvais extraordinaire de voir la pluie pleuvoir dans le
mot pluie. Mais Cécile Odartchenko dans cet ouvrage
m’ouvre le regard en disant : Avec (Ilse), le trait tranquille
et fondateur de Pierre accueille l’envolée de
la semence […] La pluie s’écrit dorénavant
plui!e !
Le point d’exclamation étant le sexe triomphant
de Pierre qui écarte toujours !
Pierre Garnier est un poète inspiré par ce qu’il
vit et ce qui l’entoure. Il ne fait pas qu’écrire
la poésie, il la vit. Il rencontre de nombreux poètes
qui soit révèlent le visuel de la langue, soit
en rendent la sonorité. Il ne s’agit plus de lire,
mais de voir ou d’écouter. Ce fut la grande aventure
d’une langue presque libérée de son sémantisme,
qui part de 1960 et va jusqu’à aujourd’hui – car
les amis poètes qui prirent part à sa genèse,
Henri Chopin, Bernard Heidsieck, Julien Blaine, J.-F. Bory, Sarenco,
Gappmayr, Comringer, etc. etc., « produisirent » jusqu’à aujourd’hui – et
nos relations sont demeurées avec des poètes du
monde entier…
Pierre Garnier écrit aussi en picard : le picard est
comme cet endroit rude, pur et dur […] écrire le
picard en l’an 2000 ce n’est pas infantiliser cette
langue déjà moribonde, c’est au contraire
lui donner sa dignité, c’est comme cela aussi que
commence et finit la poésie.
Comme chés calimuchons su ch’qmàn
ej m’in vaù in glichant
ej teurne din m’cacrole ech monne…
Comme les escargots sur le chemin
Je vais en glissant
Je tourne ma coquille le monde
Tout au long de ces 260 pages, nous sommes entrainés
dans l’univers de Pierre Garnier. Son parcours, sa poésie,
ses manifestes, tout est passionnant. Merci à l’éditrice
pour cette « somme » sur Pierre Garnier, pour les
ouvertures qu’elle apporte, les reproductions qu’elle
donne et la possibilité pour ceux qui ne connaissent pas
encore Pierre Garnier de l’aborder dans sa plénitude.
Gilbert Desmée (17/04/08)